Là
Le silence est différent.
J’y ai découvert que
De même qu’il existe différentes nuances de bleu de vert ou de gris,
De même qu’on distingue différents bruits,
Il pouvait y avoir différentes sortes de silence.
Celui-ci n’avait rien à voir avec d’autres silences
En d’autres lieux
D’autres circonstances
Celui-ci avait la douceur du coton
Ni l’âne qui hennissait,
La chèvre qui bêlait,
Mes hôtes qui parlaient,
Ni leur fille qui faisait couler le thé d’un verre à l’autre,
Rien,
Rien ne perturbait ce silence.
Sous d’autres cieux.
Silences assourdissants
Silences angoissants,
Silences apaisants...
Au contraire, chaque son ne faisait que le renforcer
Dès que chacun se taisait ou cessait son activité.
Ce silence avait même une saveur.
Bien moins sucrée que le thé que l’on boit en ces lieux,
Que les petites dattes que l’on vous y offre,
Mais avec la fraîcheur et la douceur de la menthe
Dont ceux qui vivent là semblent ne jamais se lasser.
Etait-ce la force des montagnes des alentours,
Le matelas de sable au fond de la vallée,
Ou l’oasis au bout de celle-ci
qui décourageait tout bruit?
Je ne sais pas.
Quand j’y ai joué de ma flûte,
Elle souvent si douce à mon oreille
N’a pu que montrer ses limites.
Voilà,
C’était un silence parfait
Que rien ne semblait pouvoir troubler.
Même les nuages au ciel le savaient.
Ils avançaient doucement,
Comme sur la pointe des pieds,
pour en profiter eux-aussi.
C’était à l’Oasis de Tergit,
En Mauritanie.